Par Marlène Thomas, Photos Fred Kihn - 30 mai 2018 à 20:06
AVERTISSEMENT AU LECTEUR : Par erreur, l’article a indiqué que Mme Gargam, présidente de l’UNAPEDA était membre de l’ANPEDA, ce qui est erroné.
Oceana et Elyna, âgées de 9 ans, ont planché mardi 22 mai sur un texte à trous afin d’acquérir de nouveaux mots de vocabulaire. Un exercice classique pour des élèves de cet âge, à la seule différence que cet enseignement leur est délivré en langue des signes française (LSF). Les deux fillettes sont scolarisées en unité localisée pour l’inclusion scolaire (Ulis) des sourds, à l’école élémentaire des Deux-Parcs de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne). Quatorze élèves, tous sourds, y sont encadrés par Bastien Lamarque, enseignant dans cet établissement depuis deux ans : « La classe est divisée en groupes, j’essaie au maximum de respecter le niveau de la tranche d’âge des élèves. J’ai des niveaux CP à CM2 et trois élèves en groupe de suivi, qui n’ont pas encore atteint le niveau CP. »
Implant cochléaire
Cette organisation est permise par la présence d’autres adultes. Ce jour-là, il y a à ses côtés Karine, enseignante sourde de langue des signes, Nathalie, éducatrice scolaire également sourde, Deborah, accompagnante des élèves en situation de handicap, et Pascale Wilmet, employée de l’Association régionale pour l’intégration sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap. « Je prépare un planning hebdomadaire, qu’on élabore en fonction du programme de l’éducation nationale, explique Bastien Lamarque. Je rencontre les élèves au moins une fois par jour pour les nouveaux apprentissages et mes collègues s’occupent des révisions. Cela me permet de répondre aux besoins éducatifs particuliers des enfants. »
Dans ces classes bilingues où l’on enseigne la langue des signes et le français écrit, les enfants suivent le même programme que les autres élèves, à la seule différence que l’apprentissage du français est plus long, puisqu’ils ne l’entendent pas. Ewenn et Amina se sont attelés à un atelier de production d’écrit. Amina signe une phrase que son camarade doit écrire en français. Le garçon grommelle. Il a oublié le « dans » de la phrase « Le chat est dans la maison ». « Ce n’est pas facile puisque la LSF n’a ni la même grammaire ni la même syntaxe que le français. Par exemple, le "dans" n’existe pas, tout comme les articles », nous précise Pascale Wilmet.
En sport, maths, sciences ou encore histoire-géographie, ces enfants suivent le cours dans leur classe de référence avec les élèves entendants, aidés d’une médiatrice signante. Le reste du temps, Bastien Lamarque leur propose une pédagogie adaptée : « L’important est de rendre l’apprentissage visuel pour que les connaissances soient bien assimilées. »
En France, 300 000 personnes seraient concernées par la surdité et seul un tiers pratiquerait couramment la langue des signes, selon la Fédération nationale des sourds. En effet, deux choix s’offrent aux familles : la LSF, assez peu connue par les parents entendants et trop peu mise en avant, ou la méthode dite « oralisante ». Nombre d’entre elles préfèrent la seconde option où les enfants apprennent à parler. Dans ce cas, les jeunes portent un appareil d’aide auditive ou un implant cochléaire pouvant offrir une récupération auditive.
« Langue à part entière »
Les partisans de chacune de ces méthodes s’affrontent depuis plus d’une centaine d’années. L’abbé Charles-Michel de l’Epée a ouvert au milieu du XVIIIe siècle la première école pour sourds utilisant la LSF.
Mais, en 1880, près d’un siècle après son décès, son enseignement est interdit lors d’un « congrès international pour l’amélioration du sort des sourds » à Milan, sous prétexte que les enfants sourds doivent apprendre à parler afin de s’intégrer dans la société.
Trois raisons sont invoquées : la LSF ne serait pas une vraie langue, elle ne permet pas de parler de Dieu, empêcherait de bien respirer et favoriserait donc la tuberculose. La langue des signes est restée pratiquée, mais clandestinement, au sein des associations de sourds. Cette mesure sera abrogée en France en 1977 seulement.
Il faudra attendre 1991 pour que la langue des signes soit officiellement encouragée par l’Education nationale et la loi sur l’égalité des chances de 2005, pour qu’elle soit reconnue comme « une langue à part entière ». Depuis, « tout élève concerné doit pouvoir recevoir un enseignement de la langue des signes française ».
Mais, encore aujourd’hui, certains partisans de la méthode oralisante estiment qu’apprendre à parler est nécessaire à l’intégration des sourds, tandis que les défenseurs de la LSF regrettent une logique de « réparation » de la surdité.
Une fois le mode de communication adopté, il reste aux familles à sélectionner l’établissement dans lequel leur enfant sera scolarisé. Le choix s’effectue entre les instituts médico-sociaux proposant des cursus mêlant bilinguisme et « oralisme », dépendants du ministère de la Santé, ou ceux de l’Education nationale. Ce ministère favorise l’inclusion en classe ordinaire. Dans ce cas, l’élève suit le cours en lisant sur les lèvres, en théorie aidé d’un auxiliaire de vie scolaire ou d’un enseignant spécialisé pratiquant le code syllabique LPC (langue française parlée complétée). Une méthode controversée chez les associations de parents d’enfants sourds car elle demande notamment à l’élève une grande concentration.
Malgré la loi de 2005, les familles souhaitant un cursus complet en LSF au sein de l’éducation nationale pour leurs enfants s’engagent dans un réel parcours du combattant.
Catherine Vella, présidente de l’Association nationale de parents d’enfants sourds, n’a répertorié que dix maternelles et dix primaires proposant un dispositif Ulis bilingue, quatre collèges et autant de lycées : « Il existe seulement quatre filières de la maternelle au lycée à Poitiers, Toulouse, Champs-sur-Marne et Lyon. On avait demandé d’en ouvrir une à Paris pour les enfants de la petite couronne, mais on nous l’a refusé sous prétexte que ce sont trois académies différentes [Paris, Créteil, Versailles]. »
Un constat contre lequel se bat aussi Nicole Gargam, présidente de l’Union nationale des associations de parents d’enfants déficients auditifs (UNAPEDA) [1] : « En février 2017, on a travaillé avec l’éducation nationale sur une circulaire concernant le parcours de formation du jeune sourd. Il devrait permettre d’ouvrir dans chaque académie au moins un pôle d’enseignement bilingue de la maternelle au lycée. Les choses n’ont pas bien avancé. A Rennes, notamment, on a du mal à en avoir un. »
Au contraire, la classe bilingue de l’école Georges-Valbon à Bobigny, la seule de Seine-Saint-Denis, s’apprête à fermer en juin. L’aventure aura été brève pour cette classe créée en 2014. « Nous n’avons pas connaissance d’enfants ayant fait le choix pour l’an prochain d’un parcours d’enseignement en LSF. Sur les quatre élèves, trois entrent au collège à la rentrée. Une élève n’a pas fini son parcours scolaire, mais un autre projet, en cours de travail avec la famille, devrait l’amener à rejoindre un autre type d’établissement. C’est leur choix », justifie Sandrine Lair, directrice académique adjointe en Seine-Saint-Denis.
Elle précise : « Si des élèves souhaitant avoir un enseignement en LSF se présentent, on rouvrira une classe l’année prochaine ou la suivante. » Une élève reste donc sur la touche : Mélissa, en CE1. Farouk, son père, déplore : « A la rentrée, on m’a informé de cette fermeture, mais on ne m’a pas vraiment laissé le choix. La seule solution qui m’a été présentée par le rectorat est de la mettre dans un établissement médico-social à Noisy-le-Grand. Catherine Vella m’a ensuite appris qu’à Paris, il existe une école disposant d’un cursus bilingue. Personne ne m’en avait parlé. Ma fille se sentait bien dans cette classe. Je ne veux pas l’enfermer dans une bulle de sourds. »
« Classe ordinaire »
Cette instabilité dans le parcours scolaire est néfaste pour les enfants, selon Nicole Gargam de l’UNAPEDA [2] : « L’éducation nationale travaille sur les parcours des élèves en situation de handicap. Les premiers chiffres révèlent qu’il y a un pourcentage de sourds en retard ou en échec un peu plus important que chez les autres enfants. Cela s’explique notamment par les difficultés à se scolariser. »
Catherine Vella, dont le fils Vincent est en CM2 à Bobigny, avance une autre explication : « Ce sont les élèves qui doivent s’adapter dans le système scolaire actuel pour les enfants sourds, d’où un échec scolaire massif. On leur permet d’entrer en classe, mais pas d’accéder aux contenus lorsqu’ils sont en classe ordinaire avec les autres élèves. Tout le monde ne peut pas déménager pour avoir accès à un cursus bilingue, d’autant que ces derniers sont peu nombreux et très inégalement répartis sur le territoire. »
Tout comme Ewenn et Amina à Champs-sur-Marne, Vincent se sentait bien dans ce cursus mixte : « J’étais heureux avec mes amis sourds et entendants. Je suis triste que la classe ferme. » Sa mère se remémore : « A chaque fête de l’école, il y avait des chants signés par tous les élèves. Un établissement qui accueille les enfants aux mêmes niveaux avec les mêmes droits, les mêmes devoirs, c’était l’idéal. Cela lui a vraiment appris à être un enfant comme les autres. »
Selon elle, ces cursus peinent à attirer du monde car ils ne sont pas assez défendus : « Ce qui est mené dans ces classes LSF n’est pas assez mis en valeur. Il n’y a pas réellement de volonté de les faire vivre. Certains parents n’étaient même pas au courant de leur existence. »
Nicole Gargam note : « Il y a peu de demandes car les enfants sourds naissent à plus de 90 % dans des familles entendantes. Dans certains hôpitaux, des médecins affirment encore que la LSF peut nuire à l’apprentissage du français, ce qui est totalement faux et peut influencer les parents dans leur choix. »
Fanny Costaramoune, enseignante dans un centre médico-social bordelais, souligne : « On ne peut pas estimer qu’un dispositif Ulis ne bougera jamais, il dépend des naissances d’enfants sourds [environ 1 sur 1 000, ndlr]. Comme cela est fait avec les unités d’enseignement des instituts spécialisés, cette classe pourrait être déplacée là où il y a plus de besoins. »
Malgré tout, choisir un cursus bilingue pour des parents entendants demande un vrai investissement : « On a galéré à apprendre la LSF, on a dû avancer 4 000 euros et prendre du temps. J’ai pu acquérir un niveau correct car j’étais au chômage. Pendant un an, je n’ai fait que ça », raconte Catherine Vella. Cette possibilité n’étant pas offerte à tous les parents, l’apprentissage de la LSF se dresse comme un énième obstacle sur la route de ces familles.
L'UNAPEDA organise le 5 Octobre 2018 à Paris une journée d'étude consacrée à la scolarisation des enfants sourds
Pré-programme :
Accessibilité assurée en LSF et transcription écrite
> 9h30 : Ouverture
> 10h : Présentation de l'enquête du ministère de l’éducation Nationale sur la scolarisation des enfants en situation de handicap et zoom sur la surdité
Intervenant : Madale Le Laidier (MEN_DGEFP)
> 10h45 : Les enjeux liés à la scolarisation des enfants sourds.
Intervenant : ARIEDA Montpellier
>11h30 : Point sur la mise en place de la circulaire PEJS ( points forts, points faibles)
Intervenant : Madame BRYON (MEN)
Repas libre
Tables rondes
> 14h : La circulaire dans la réalité des partenaires institutionnels (Unapeda, Anepda, Arieda, INJS,...)
> 15h : La circulaire dans la réalité des parents et des professionnels
Témoignages de parents, d'enseignants...
Parents d'enfants sourds : Gratuit
Professionnels : 30euro
Parents ou professionnels, ne partez pas pour vous inscrire, nombre de places limitées
Lieu :
CEDIAS
5 rue Las Cases
75007 PARIS
Article publié le samedi 17 mars 2018.
Témoignage d’un parent
Pour mon fils sourd actuellement en terminale et en pleine réflexion sur son avenir post bac, j'ai reçu hier ce courrier émanant de l'académie de Paris Dans les grandes lignes, ce que je retiens c'est que :
* L'accueil prioritaire des étudiants handicapés n'existe plus
* C'est à la famille et à l'élève d'évaluer en amont si l'établissement auquel il est candidat est accessible.
Je suis un peu choquée sachant que,de mon côté, ayant déjà interrogé quelques lieux qui intéressent mon fils, on nous a aimablement répondu,presque à chaque fois,que ce n'était pas accessible aux sourds ....
Que veut dire ce nouveau courrier? Que les élèves handicapés n'ont plus le choix de leurs études supérieures ? Qu'ils sont obligés d'aller dans les rares établissements accessibles ?
Que veut dire ce nouveau courrier? Que les élèves handicapés n'ont plus le choix de leurs études supérieures ? Qu'ils sont obligés d'aller dans les rares établissements accessibles à leur handicap ?
Des infos ? Des avis ? »
La plateforme parcours sup a publié hier un » tweet » concernant la situation de Handicap de certains lycéens.
Sur l’ancienne version, APB, il était possible de cocher la case « situation de handicap », cela pouvait expliquer certaines particularités sur le parcours des lycéens, et certains besoins dans l’orientation.
Aujourd’hui sur « parcours sup », cette case n’existe plus.
Suite aux protestations de plusieurs associations de handicap, les gestionnaires de la plateforme ont publié un tweet
Vous trouverez ci-dessous la circulaire n° 2017-084 du 35-2017 relative à l'accès à l'éducation et les prises en charges pour les élèves en situation de handicap.
Cette bibliographie a été réalisée à l’occasion du Séminaire de réflexion « Parcours bilingues LSF/français, de la maternelle à l'université » qui s’est déroulé le 19 octobre 2016 à l’INS HEA.
Retrouver ici le lien vers la bibliographie.
Enfants sourds: le monde des signes au cœur d'une classe bilingue à Rennes
Par AFP, publié le 09/02/2015 à 11:49, mis à jour à 11:49
Maxime Bouhours (g), enseignant de la langue de signes à l'école Châteaugiron-Landry, de Rennes, dans l'ouest de la France, le 5 février 2015
afp.com/Jean-Sébastien Evrard
Rennes - Des tables, des chaises, un tableau blanc, des pots de crayons de couleur, des élèves: à première vue, rien ne distingue des autres la classe de "CP-CE1 LSF" de l'école Châteaugiron-Landry à Rennes. Hormis le silence.
Et, au mur, une affiche représentant l'alphabet en langue des signes française (LSF), destinée aux élèves sourds de cette section bilingue, unique en Bretagne.
Coups de coude, tortillements et gigotements quelques minutes avant la récré... Aidés de leur enseignant sourd, souvent accroupi à leur hauteur, qui échange avec eux des signes fluides et rapides, trois jeunes élèves localisent et écrivent sur leur carte de la Terre ses deux hémisphères et l'équateur.
C'est un petit groupe de parents qui a réclamé l'ouverture de cette classe, dans la foulée de la loi du 11 février 2005 permettant aux parents d'enfants sourds de les scolariser, au choix, en parcours ordinaire ou bilingue "langue des signes française/français écrit".
Elle a accueilli ses premiers élèves en 2012, malgré des difficultés liées au manque d'enseignants sourds ou maîtrisant la langue des signes, bannie de l'enseignement pendant près d'un siècle entre 1880 et les années 1980.
Pilotée par Kerveiza, une institution d'accompagnement d'enfants sourds, en partenariat avec la ville de Rennes et l'Éducation nationale, elle scolarise une petite dizaine d'élèves, répartis entre la maternelle et le CP-CE1, tous nés de parents sourds.
Grâce à ce parcours bilingue, choisi majoritairement par les parents sourds, la scolarité de leurs enfants est à mille lieues de ce que la plupart ont connu dans leur enfance: "j'étais en classe d'intégration, noyée, je ne pouvais pas communiquer, je criais, j'étais stressée, nerveuse", se souvient Stéphanie Crozat, née de parents entendants et qui a choisi la classe bilingue pour "l'épanouissement" de ses enfants.
"Je naviguais entre les deux mondes, je ne trouvais pas ma place", renchérit une autre mère d'élèves, Jessica Jouanneau. "Ici, les enfants sont autonomes. Il n'y a pas d'accompagnement spécifique, mais un dialogue plus direct avec le professeur, c'est mieux".
Ouverte sur les classes d'élèves entendants, notamment au travers d'ateliers communs, la classe bilingue fait la part belle au numérique et à la vidéo, "primordiale" dans l'enseignement d'une langue gestuelle, où le moindre mouvement fait sens, selon l'enseignant d'élémentaire, Maxime Bouhours.
Pour ces élèves dont la LSF est la langue maternelle, l'enjeu de ce parcours est de taille, car l'enseignement de, et en, langue des signes leur offre un "modèle linguistique de qualité leur permettant par la suite d'entrer dans la langue française écrite", explique Xavier Debroise, chef de service de Kerveiza.
A la clé : l'accès aux études supérieures, qui reste un parcours du combattant pour les personnes sourdes, victimes d'un taux d'illettrisme important.
"On a fait le choix de cette classe bilingue pour que l'avenir de nos enfants soit aussi radieux que pour les entendants, qu'ils puissent acquérir des connaissances pour avoir une scolarisation normale, accéder à un niveau supérieur, voire l'université", témoigne Stéphanie Crozat, mère de deux enfants scolarisés dans cette section.
L'enseignant offre aussi aux enfants un "modèle" adulte : "ils peuvent se dire : voilà, quand je serai grand je serai peut-être sourd mais je pourrai être aussi enseignant, ils ont l'image d'un adulte sourd avec une certaine position", souligne Xavier Debroise.
Si la loi de 2005 donne aux parents le choix du parcours scolaire de leur enfant, "le dialogue a été difficile" avec l'académie pour l'instaurer, affirme Stéphanie Crozat. "On savait qu'ils faisaient des efforts mais c'était difficile, on ne pouvait pas mettre ça en place d'un coup de baguette magique", d'autant qu'au début "il n'y avait pas de professeurs sourds enseignant la langue des signes".
Le capes de LSF a été instauré en 2010 et il n'existe pas de spécialité LSF au concours de professeur des écoles.
"Depuis la loi de 2005, l'évolution est très lente, c'est à nous de pousser pour que les gens se réveillent et pour montrer que ça fonctionne''", reconnaît Jessica Jouanneau.
Par AFP
La première école bilingue du département de l'Aube a ouvert ses portes cette année !
Voici l'article de Sourd.net, que l'on peut retrouver ici :
Pour la première fois dans l’Aube, une classe d’élèves sourds s’est ouverte hier matin. L’école Guingouin accueille huit élèves habituellement scolarisés au centre Chanteloup.
Hier matin, Dany et ses copains ont pris place face à Vanessa dans la nouvelle salle de classe spécialement aménagée
Ici, les signes ont remplacé la parole. Ici, Dany et ses amis peuvent étudier dans des conditions réelles. Seule différence par rapport à leurs autres camarades dits « entendants » dans les
classes autour, ces huit enfants sont sourds.
En quelques mois, le centre Chanteloup a réussi à mettre en place cette innovation grâce à l’entière implication de la municipalité et de l’école, avec l’aval de l’Éducation nationale. Profitant
d’une classe libre au sein du groupe scolaire, une salle a été spécialement aménagée pour accueillir ces petits élèves. Juste à côté, un espace a été créé pour accueillir les séances avec
l’orthophoniste deux à trois fois par semaine.
Jusqu’alors, ces enfants suivaient leur scolarité à deux pas de là, dans le confort du centre. Mais depuis hier, ils se mêlent aux autres, se confrontant au rythme des enfants ordinaires. « C’est
préparer leur avenir », insiste la directrice de Chanteloup, Marie-Odile Velut.
Ils viennent de l’agglo, de Bar-sur-Aube ou de Villenauxe et ont le niveau primaire. Leur enseignante, Vanessa, aidée par Philippe, éducateur, leur dispense l’enseignement classique en suivant
les horaires du groupe scolaire.
L’intégration à Guingouin est naturelle. L’an passé, l’ensemble de l’école a travaillé sur un projet pédagogique dédié à la langue des signes. Comme un geste de bienvenue.
Même si certains avouent un peu d’appréhension, tous s’estiment heureux de ne plus être séparés des autres. « Pour discuter avec les entendants », dit Dany. « Parce que la cour de récréation est
plus grande », ajoute Mathis.
Nous renouvelons notre demande de « labellisation » de l’école, calqué sur le modèle des réseaux d’enseignement prioritaires, qui permettrait de garantir des effectifs limités dans les classes accueillant des enfants sourds.